Parlez-nous de la situation à Masaffer Yatta depuis le 7 octobre 2023
Ma région est victime d’épuration ethnique et d’expulsion de la part des Israéliens depuis de nombreuses années. Le harcèlement des soldats israéliens est quotidien, ils utilisent nos villages comme une zone d’entraînement, ils arrêtent les gens, ils démolissent les maisons, les routes, ils détruisent les canalisations. Sans parler des colons qui se livrent aux mêmes exactions.
Depuis le 7 octobre, tout est à l’envers parce qu’aujourd’hui, les colons portent le même uniforme que les soldats, ils fondent sur les villages pour donner 24 heures aux habitants pour partir sinon ils seront tués. La guerre est une opportunité pour eux, un feu vert pour faire ce qu’ils veulent, comme ils veulent, quand ils veulent.
Nous n’avons pas les mêmes moyens qu’eux mais nous en avons d’autres, comme l’attention médiatique internationale, et la présence d’activistes étrangers, ils font du bruit, notamment les gauchistes israéliens. Nous bénéficions aussi d’une nouvelle génération d’activistes, qui sont très présents sur les réseaux sociaux, ce qui est utile pour diffuser notre combat.
Que peut-il se passer après la guerre ?
J’ai peur qu’un nouveau statu quo devienne notre nouvelle réalité. J’ai peur que les colons soient de plus en plus armés et que les civils soient de plus en plus armés, comme le demande Ben Gvir.
Croyez-vous en une solution politique ?
Nous continuerons à appeler à une solution politique parce que la cause palestinienne est une cause politique. Il faut arrêter l’hypocrisie : tout le monde parle du 7 octobre mais qui rappelle ce qui se passait avant ?
Et puis le 8 octobre, ce n’est pas une déclaration de guerre contre Gaza, c’est une déclaration de guerre contre tous les Palestiniens, c’est le feu vert pour une punition collective. Aujourd’hui, la rue palestinienne supporte le Hamas, même en Cisjordanie. Ils ont réussi à libérer des prisonniers, ce qui lui confère une grande popularité, même si le prix à payer est très élevé pour les gens.